Dossier

Produire de l’huile et des protéines avec un solvant sans pétrole

Soutenu par l’ADEME, l’entreprise Pennakem a mis au point un solvant biosourcé, EcoXtract®, qui permet d’extraire des huiles et protéines végétales sans risque pour la santé et l’environnement.


Si on a tous en tête l’image de l’huile « vierge » obtenue en pressant des graines ou des fruits oléagineux, ce n’est pas la méthode d’extraction la plus utilisée aujourd’hui. On le sait peu mais, depuis de nombreuses années, l’extraction mécanique est complétée et concurrencée par l’usage de solvants, capables de séparer plus efficacement le gras du reste, une matière solide riche en protéines. Cette méthode a permis de répondre à une demande croissante en huiles et protéines végétales, liée à l’évolution démographique et aux changements d’habitudes alimentaires. Problème : les solvants utilisés jusqu’ici sont dérivés du pétrole et présentent un risque pour la santé humaine, notamment pour celle des travailleurs qui les manipulent.

Pennakem, filiale du groupe Minafin spécialisée dans la fabrication de solvants d’origine végétale aux nombreux domaines d’application, a donc cherché à développer une alternative crédible. « Issu de sous-produits agricoles tels que la bagasse de canne à sucre ou les rafles de maïs, EcoXtract® est biosourcé et sa production n’entre pas en concurrence avec des cultures alimentaires. L’impact CO2 de sa production est dix fois moindre que celui d’un solvant pétrochimique. En outre, il a été établi qu’il était moins toxique pour la santé humaine, explique Ombéline Claux, responsable R&D pour EcoXtract®. En janvier 2023, nous avons obtenu l’autorisation des instances réglementaires européennes de l’utiliser pour la fabrication de denrées alimentaires et de leurs ingrédients. Cela concerne les huiles et les protéines végétales, les coproduits de cette extraction comme les lécithines, mais aussi d’autres extraits naturels tels que les arômes par exemple. » La poursuite du projet se fait avec l’aide de l’Inrae et d’Avignon Université. Objectifs : optimiser le procédé d’extraction pour un développement à plus grande échelle ; évaluer et valider les propriétés des ingrédients extraits à destination des marchés de l’alimentation humaine, animale et de la cosmétique ; accompagner, enfin, les industriels de la filière dans la conversion de leurs unités de production. Une phase de démonstration et d’industrialisation que l’ADEME accompagne, aujourd’hui dans le cadre de France 2030.